C’était un colonel et le commandant d’une base militaire canadienne qui rêvait de jouer avec les petites filles. Et le jeu est devenu mauvais puisqu’il a torturé et tué deux femmes, avant de se prendre en photo revêtu de leurs sous-vêtements.
Le serial-killer maintenant considéré comme le plus méprisable du Canada, selon les dires du juge, était pourtant vu jusque là comme une étoile montante et un pilote d’élite. Dans un avion destiné aux personnalités, il avait transportés la reine Elizabeth II et le Duc d’Edimbourgh ainsi que des personnalités canadiennes dont le premier ministre.
Nous allons suivre les deux vies du colonel Williams.
Le 28 janvier 2010 disparaît Jessica Lloyd. C’était une jeune femme de 27 ans. Près de sa maison, les enquêteurs remarquent des traces de pneus dans la neige. Ils lancent alors une investigation pour retrouver dans la région tous les véhicules dotés de pneus similaires.
Le 7 février 2010, le colonel Williams reçoit un appel dans sa nouvelle maison où il vit avec sa femme, de la part d’un policier, qui le convoque à un interrogatoire.
Cet interrogatoire durera 10 heures. Durant ces dix heures, Williams confessera deux meurtres, deux agressions sexuelles, et une quantité de vols fétichistes. Il indiquera sur une carte où il a caché le corps de Jessica Lloyd.
Il est incarcéré et la police rouvre les dossiers de nombreuses affaires sexuelles dans lesquelles le colonel pourrait être impliqué, demeurées sans solution jusque là.
Williams tentera de se suicider en s’étouffant, en avril 2010.
David Russel Williams est né le 7 mars 1963 en Angleterre. Son père métallurgiste part travailler au Canada et ses parents divorcent quand il a 6 ans. Il reste avec sa mère qui épouse le mari de son amie, qui divorce aussi.
Dans sa nouvelle famille, il résidera en Corée. Il suit des études d’économie et science politique à Toronto et est élu meilleur préfet avec un autre étudiant, Andrew Saxton qui deviendra député.
En 1983 un viol est commis dans son Université qui sera plus tard attribué au serial-killer Paul Bernardo.
En 1987 il entre dans l’armée de l’air canadienne et obtient le brevet de pilote en 1990. Il sera instructeur durant deux ans.
En 1991 (il a 28 ans), il est promu capitaine. Il épouse Elizabeth Harriman, directrice d’une fondation.
On lui attribue des talents de photographe (on le vérifiera par la suite), de golfeur avec sa femme, de pêcheur et il sait également jouer du piano et de la trompette.
Après diverses affectation, en 1994 il est affecté en tant que pilote au transport de personnalités.
En 1999 il est promu major (grade intermédiaire entre capitaine et lieutenant-colonel) et il est muté à Ottawa en tant que pilote.
En 2001, Jerry Sovka, son beau-père divorce avec sa mère ce qui crée un profond désaccord entre lui et elle, mais les psychologue ne voient pas de lien avec ses crimes future.
En 2004 il obtient un diplôme interne et est promu lieutenant-colonel. En 2005 et 2006 il commande une base aérienne secrète à Dubai.
En 2006 il est nommé directeur de projet à Ottawa et le couple va s’installer à Orleans, dans la banlieue d’Ottawa et c’est là que commence la seconde vie de Russell Williams, ou ce que nous en savons. Il a alors 43 ans.
Entre septembre 2007 et 2009 il prend l’habitude de pénétrer dans des maisons en l’absence des ses occupants. Il vole des sous-vêtements féminins et de petite-filles notamment et prend plaisir à se lover dans leur lit où il se masturbe.
Puis sur une durée de deux ans, se produit une escalade dans la gravité des crimes qui sans précédent pour un homme de cet âge. Mais les psychologues l’expliquent cependant par une sensation d’invulnérabilité qui lui donne de plus en plus d’assurance, au point qu’il finira par s’en prendre à des personnes qu’il connaît personellement.
En 2009, il apprend le français durant six mois et est promu colonel.
Le 15 juillet 2009 il devient commandant d’escadre de la base de Trenton. C’est une des bases aériennes les plus actives du Canada et le point d’attache des opérations au Moyen-Orient.
Il réside à Ottawa et possède un cottage à Tweed au sud-ouest d’Ottawa.
C’est en septembre 2009, dans la ville de Tweed, qu’il entre par effraction dans le domicile de deux femmes qu’il séquestre et agresse sexuellement. Il les prend en photos et tourne des vidéos que l’on retrouvera sur son ordinateur. Les deux victimes seront retrouvées ligotées chez elles.
Durant l’agression il leur dira qu’il a besoin de les attaquer pour pouvoir aller de l’avant dans sa vie.
Williams procède ensuite comme un chasseur,
épiant ses victimes potentielles pour mieux préparer le crime.
Le 25 novembre 2009, à Brighton, au sud de Tweed, une femme est battue, violée et tuée à son domicile. Marie-France Comeau est caporal à Trenton et Williams la connaît bien. Il était caché dans le sous-sol pour la surprendre.
On retrouvera l’empreinte de ses pas dans son sang.
Le 28 janvier 2010 il stoppe sa voiture près de celle de Jessica Lloyd. Il la kidnappe et lui fait subir des sévices durant des heures tout en filmant la scène. Puis il la tue.
Le 18 octobre 2010, Williams plaide coupable pour toutes les charges, le meurtre de deux femmes, la séquestration et l’agression sexuelle sans pénétration de deux autres, et 82 délits de vols fétichistes commis entre 2007 et 2009.
Le 22 octobre 2010 il est condamné à la prison à vie sans possibilité de libération sur parole avant 25 ans (il aura alors 72 ans). Il purge sa peine au pénitencier de Kingston dans l’Ontario.
Jerry Sovka, son beau-père, ingénieur nucléaire, qui vit en France à Aix-en-Provence, dira:
« J’ai passé ma carrière à essayer de faire les choses bien et éviter celles qui sont mauvaises, mais là, je ne réalise pas ce qui a mal tourné. »